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Dossier n°1 Histoire des arts

Art et ville, la ville réalisée

Le Nemausus

ou

mettre l'architecture au service du logement social 

                                 

Voiron ; mai 2008

 

 

 Sommaire

I- Introduction

 

II- Le projet utopique de Jean Nouvel

 

 

III- La réalisation de ce projet

 

 

IV- Une réussite architecturale mais un échec social

 

 

V- Conclusion

 

 

VI-Bibliographie

 

 I- Introduction

 

Le Némausus 1  est la réalisation de deux  défis, l'un architectural l'autre social, de Jean Nouvel. C'est-à-dire, construire de grands logements dans un volume simple et ne pas modifier le budget normalement prévu pour des HLM. Certains points seront des succès, mais chaque utopie à ses limites.

 

 

II- Le projet de Jean nouvel

 

Pourquoi a t-il été amené à penser ce projet ?

Tout commence dans les années 80 à Nîmes. C'est à l'occasion d'une rénovation de la ville que Jean Nouvel participe à un concours pour le projet de la médiathèque. Mais il n'est pas retenu. Cependant le maire, M. Bousquet, souhaitant quand même le faire travailler, lui propose de construire des HLM en périphérie.

Avec ses collaborateurs, Frédéric Chambon et Jean Rémy Nègre (deux architectes nîmois), ils ont carte blanche, la seule interdiction étant de construire des garages souterrains.

 

            Lorsque Jean Nouvel fait de l'architecture il parle de concept, car pour lui un bâtiment équivaut, d'abord, à une histoire.

En élaborant ce projet il voulait « achever l'architecture du logement social. L'achever non pas comme on achève des chevaux, mais en la menant à son terme, en revenant à ses grands principes aujourd'hui bafoués : l'espace, la lumière, l'air. Â» Avec le Nemausus il voulait rompre avec la tendance des années 80, c'est à dire l'agencement d'un appartement bourgeois mais miniaturisé, avec de minuscules pièces dont une salle de bain d'1,50 mètres par 2. Jean Nouvel désirait donner beaucoup plus d'espace aux habitants car pour lui « un grand appartement est un bel appartement, et une belle pièce est une grande pièce. Â»

De plus, du fait que ces logements seront normalement destinés à des personnes aux revenus moyens, l'objectif majeur  du projet était de faire en sorte que les coûts de construction soient égaux à celui des « barres Â» classiques.

 

 

 

 

III-La réalisation de ce projet

 

 

Le site où Jean Nouvel a construit le Nemausus 1 est situé entre un quartier pavillonnaire et des immeubles sans caractère des années 60. Il peut se diviser en trois parties : un bâtiment long, le mail (une allée de platanes) et un bâtiment plus court.

            Tout d'abord les deux bâtiments sont quasiment identiques et illustrent une métaphore marine, seul leurs longueurs diffèrent à cause de l'irrégularité du terrain. L'avant, côté rue, est arrondi et fait penser à la proue d'un bateau ; et l'arrière du plus long, la poupe, se termine par une façade verticale posée sur deux murs en béton qui suggère un gouvernail. Le plus court s'achève par un pan incliné.

            Au milieu de ces deux imposants bâtiments de cinq étages, le mail sert de lien naturel et en même temps de séparation car il cache la visibilité entre les deux immeubles. Jean Nouvel a décidé de le conserver pour en faire le cÅ“ur de son projet vert. Donc au lieu de le transformer en parking il préféra surélever les bâtiments à l'aide de pilotis et creuser le sol pour que les habitants puissent y glisser leur voiture à l'abri. De plus ces pilotis donnent une certaine légèreté aux bâtiments. Ils sont espacés de cinq mètres, soit deux voitures. Ces même cinq mètres sont aussi l'unité de base pour tout le bâtiment, car c'est à la fois la distance entre deux murs porteurs, qui sont aussi les cloisons séparant les appartements ; l'écartement des poutres de béton soutenant les coursives et terrasses ; et la longueur des panneaux de la voilure métallique du toit.

 

            Cette voilure à plusieurs fonctions. Tout d'abord, esthétiquement, elle renforce l'idée du navire qui émane des bâtiments ; mais c'est surtout d'un point de vue thermique et climatique qu'elle est nécessaire. Elle à un rôle de régulateur thermique en conservant une masse d'air chaud sur le bâtiment en hiver et en faisant de l'ombre l'été. Son inclinaison vers le bas crée une harmonie avec les coursives et les terrasses, elles aussi inclinées tel des gardes corps de chantier.

            Les coursives sont installées du côté Nord, à l'extérieur. Il n'y en a que trois car les appartements sont des duplex. Celles ci sont desservit par de très imposants escaliers métalliques. Ce sont de véritables rues car les habitants s'y promènent et les enfants y jouent. Cependant comme elles n'étaient pas aux normes de sécurité, au lieu de les redresser, Jean Nouvel fit rajouter des tablettes en caillebotis (assimilées à des gardes corps épais) qui depuis font office de bancs publics.

 

            Les terrasses sont donc côté sud, le plus ensoleillé, elles sont symétriques aux coursives et font 15mètres carré de superficie. Elles servent généralement de caves/greniers car les habitants n'en ont pas.

Ces bâtiments sont troués de part en part par de grands canyons, les ascenseurs.

 

Les appartements sont traversants et ne comportent qu'un volume global. En bas, il n'y a qu'un bloc servant à séparer la cuisine (donnant sur la coursive) et le salon. Il abrite la chaudière, les toilettes et un grand placard. L'escalier menant à l'étage est en métal. Grace au bloc, ils sont agencés par l'architecte de multiples façons. La salle de bain a une fenêtre, chose rare que jean Nouvel désirait vraiment offrir aux habitants.

 

            Le petit « plus Â» de ces appartements est qu'ils sont « extensibles Â». La façade donnant sur la terrasse est en fait une porte d'aluminium à quatre battants utilisée pour les garages de pompier. Elles ont juste été un peu modifiées pour pouvoir s'adapter à leurs nouvelles fonctions (maniabilité, qualité des joints, isolation phonique et thermique). Bien que la fabrication de ces portes représente 8% du budget total des bâtiments ; ce qui est cher pour des portes, ne l'est en fait pas tant puisque ces portes sont aussi les façades des appartements.

 

            Le Nemausus 1 est un exemple de l'esthétique industriel des années 80. Jean Nouvel a « cherché une continuité stylistique, un accord direct entre les matériaux industriels, les cloisons, les marches en caillebotis, les gardes corps. Â» Les façades sont recouvertes d'aluminium pour cacher les isolations (en bois et laine de verre), tous les escaliers sont entièrement métalliques et ajourés (comme les rambardes des coursives). Le reste est en béton brut, même dans les appartements où des faux traits de construction ont été ajoutés. Ce n'est pas un choix économique mais culturel, le fruit d'une volonté décorative, pour donner un air inachevé à quelque chose de fini. L'architecte s'intéressait beaucoup aux reliefs, aux reflets, aux contres-jours, aux couleurs de nuit des bâtiments ; tout ce qui est de « l'ordre de la nuance, de la relation de la lumière au temps, et même de l'heure. Â»

 

 


  

IV- Une réussite architecturale mais un échec social

 

            Du point de vue architectural, et par rapport à son premier objectif le Némausus 1 est une réussite. Jean Nouvel a prouvé qu'on peut construire des logements de qualité avec le même budget que pour les barres médiocres de l'époque. Car au final le Nemausus est une Å“uvre design par sa forme et les matériaux utilisés inhabituels. Les appartements sont confortables, grands, lumineux, et même à la mode de nos jours car ils sont agencés dans le style du loft, un style épuré avec très peu de séparation entre les pièces.

            Jean Nouvel prouve qu'une autre façon de construire est possible, mais pour cela il ne faut pas regarder dans le passé et imiter les appartements bourgeois.

            Cependant, face à ce projet de logements sociaux, les institutions qui calculent le loyer des appartements n'ont pas changé. Il est fixé en fonction de la surface, sachant que celle-ci est 30 à 40% supérieure à celle des HLM classiques les prix sont aussi 30 à 40% plus élevés. De ce fait les personnes cherchant ce type d'appartements n'ont pu s'y installer comme prévu puisque c'était trop cher. Ce sont donc des gens plus aisés qui ont investi les lieux. Les bâtiments ont donc perdu leur intérêt social.

 

 

V- Conclusion

 

            En résumé, comme beaucoup de projet utopique, de la pensée à la réalisation il y a des éléments qui sont soit supprimés soit modifiés. Ce fut le cas pour le projet de Jean Nouvel qui avait pour but de mettre à la disposition des personnes à bas revenus un logement de qualité, dans  lequel il serait agréable de vivre.

            Il réussit à les réaliser dans la forme, mais la politique de la ville a retiré le côté social du projet. 

 

VI- Bibliographie

 

 Catherine Sabbat. Horizon architecture, 50 bâtiments et ouvrages d'art dans les mondes, édition Le moniteur

 

 

 

Patrice Goulet. Jean Nouvel, édition du regard

 

 

 

Richard Copans et Stan Neumann, 2007. Architectures,  Ã©dition du Chêne Hachette livre Arte édition, Paris, 192p.

 

 

 

 

 

 

 



05/09/2008
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